L'épisode de l'Adoration de l'Enfant par les mages est considéré comme le moment le plus joyeux de la vie du Christ et a été représenté avec des œuvres particulièrement fascinantes par tous les grands maîtres de la peinture antique.

De l'Italie du Sud, avec les célèbres compositions napolitaines, jusqu'à l'Europe du Nord avec les splendides scènes flamandes, le sujet était parmi les favoris et se prêtait à mettre en valeur les compétences picturales et l'imagination descriptive des Auteurs qui rivalisaient de création passionnante et riche en pathétique.

Parmi les grands interprètes nordiques de ce thème, le génie de Peter Paul Rubens s'est certainement démarqué qui a dépeint l'événement magique avec de magnifiques toiles d'une grande inspiration, qui allaient d'une image intime de la scène à des représentations d'une théâtralité inégalée.

La toile en question reprend la structure compositionnelle de l'une des plus célèbres, aujourd'hui exposée au Musée des Beaux-Arts de Lyon et que son prolifique atelier a re-proposée dans différentes variations et dans de multiples formats. Notre version, bien qu'à l'envers, montre toutes les particularités présentes dans la peinture de Rubens.

Il présente notamment l'image, jugée irrévérencieuse à l'époque, de l'Enfant soutenu par la Mère tout en caressant tendrement la tête chauve de Melchior, l'aîné des trois Mages, représenté selon la tradition agenouillé et sans la couronne. Le Roi baise dévotement le pied du Nouveau-né et offre une coupe en or en cadeau. Au premier plan se détache l'imposante figure de Gaspare, à longue barbe et coiffe orientale, vêtu d'un long et somptueux manteau rouge retenu au bout par un jeune page. Son cadeau est un cercueil rempli d'encens.

Derrière lui, le roi noir Baldassarre, avec un manteau de velours rose brillant et un turban blanc sur la tête. Un petit serviteur noir près de lui tient la coupe avec de la myrrhe. On retrouve une autre analogie avec la peinture de Rubens dans les figures vigoureuses des deux chevaux que l'on aperçoit derrière le groupe de Mori et qui présentent les caractéristiques morphologiques particulières apanage du grand Maître.

La scène se déroule au crépuscule et les protagonistes sont irradiés d'une lumière magique qui illumine leurs visages et leurs vêtements aux couleurs vives.

L'auteur impressionne par un jeu de clair-obscur d'une intensité considérable parvenant à créer une atmosphère de grand effet.